Préambule


Lorraine Baccarin - « Comment peux-tu définir le souvenir ? »

Camille Moussinac - « C’est un peu des films dans ma tête pour ma part. Je revois des scènes. C’est une sensation, un flash qui vient dans ma tête est me percute, me rappelant le passé. »

Marie Chambon - « C’est une sorte de flash. Un instant dans lequel tu revois vraiment une scène, positive ou négative d’ailleurs. Ça te rentre dans la tête et ça y reste plus ou moins longtemps. Un petit bout du passé. C’est jouissif de se souvenir, ça apporte un tas d’émotions. Aussi ça remonte vraiment, en général moi je me souviens de mon enfance et ça me rend très très nostalgique. »

L.B - « Quand tu vies un moment avec tes proches ou même seule, qu’est ce que tu captures, gardes avec toi pour te rappeler ? »

Elise Naudeau - « Il y a les photographies, les lettres, les enregistrements audio/vidéo, en fait, un peu de tout ce qui permet de laisser une trace physique et matérielle de tout ce qui s’est passé. »

Lorena Ducourau - « Moi je capture beaucoup avec mon appareil photo tout simplement, parfois je peux écrire aussi mais la plupart du temps pour moi un souvenir c'est très imagé. Lorsque je décide de capter, c’est parce que c’est un moment très important pour moi. Ça peut être le moment le plus anodin du monde mais inconsciemment c'est un bon moment et je me dis que j'apprécierai plus tard de regarder ce souvenir. »

Guillaume Balligand - « Je fais la plupart de mes photographies avec un appareil photo numérique que j’ai acheté lors de vacances avec mes parents. J’aime beaucoup prendre des photos, mêmes esthétiques mais j’ai aussi une pratique photo pour prendre mes proches et permettre à tous d’avoir des souvenirs communs. J’essaye de prendre des clichés en rafale et de prendre des photographies naturelles de mes proches lorsqu’ils ne font pas attention à mon appareil. »

L.B - « Comment est-ce que tu aimes regarder tes souvenirs ? »

C.M - « J’écris beaucoup dans mes carnets. J’adore écrire sur tout et rien, j’ai pris l’habitude des années auparavant. Des fois je cherche une info que je sais que j’ai noté mais je me retrouve après à lire énormément de pages différentes. Je ne regarde jamais réellement consciemment mes souvenirs. Aussi y a les trends sur instagram qui me permettent de regarder, en story tu as des challenges « mettez vos photos roses » et ou je participe et donc recherche mes différentes photos dans ma pellicule. »

L.D - « Je regarde souvent quand je suis nostalgique. Je regarde jamais les photos sur mon portable seule, ce n'est pas moi qui vais me dire que je veux les voir. Ce qui fait le souvenir pour moi c'est me dire ah putain oui c'était un bon souvenir. »

C.de.B - « Quand je prends un événement en photographie ou vidéo en général, je regarde le soir même ou le lendemain. Ça me permet de me souvenir de trucs, même de trucs dont je ne me souviens pas après une soirée par exemple *rires*.»

L.B - « Comment est-ce-que tu conserves tes souvenirs ? »

C.M - « Mes parents faisaient des éditions photo qu’ils envoyaient à la famille. Ma mère aussi tenait un blog qu’elle a transformé en livre sur notre vie de famille parce qu’elle a désactivé le blog et qu’on a peur que ce soit pas permanent avec internet. Mon père aussi tenait un carnet à 18-20 ans, avec des portraits de gens qu’il avait rencontrés, du coup avec des mèches de cheveux etc et j’ai fait pareil. »

C.de.B - « J'ai des boites, je sais pas quoi en faire. J'appelle ça des boîtes à bordel. Aussi je fais des tirages photos que j'accroche aux murs, ça me permet d'avoir les souvenirs devant les yeux. »

Introduction

À dater de la création de la photographie jusqu’à aujourd’hui, l’image est un support complexe et très utilisé qui a connu de nombreuses mutations et évolutions à commencer par l’invention du daguerréotype, en passant par la mutation des formats et l’ère du numérique et la création de la vidéo amateur pour finir aujourd’hui au flux continu et aux partages de souvenirs par le biais de médias de communication en ligne. Le XXIe siècle marque une ère d'accumulation de données en tout genre. Une étude démontre qu’au cours de ce siècle et avec l'avènement de la photographie, il y a autant de photographies prises en deux minutes qu’il y en a eu tout le long du XIXe siècle dans son ensemble. Aussi, en 2011 environ 70 milliards de photographies et vidéos ont été publiées sur facebook.

Ce mémoire a pour objectif de répondre à la question de l'image ; comment vivre le souvenir intime au travers d'objets sensibles.

Ici, nous entendons par sensible l'aspect émotionnel, qui provoque de l'émotion en soi. Nous définirons l'objet comme support imprégné d'aventures humaines, artistiques et techniques. Il y a une multitude d’objets sensibles pour raviver la mémoire, ici, photographies et vidéos qui sont nommées sensibles par volonté de mettre en avant l'appel aux sensations qu'elles suscitent.

Nous entendons intime comme terrain de recherche constitué par le propre à soi-même, le personnel et le familial, partiellement ou intégralement privé et caché des autres.

Pour répondre à la problématique ci-dessus, nous élaborerons un plan en trois parties. Tout d'abord nous commencerons par préciser les archétypes retrouvés dans les intentions et les pratiques de captation. Nous axerons la seconde partie sur la conservation de l’image. La dernière partie quant à elle portera sur les usages concernant la re-visualisation du souvenir et ses adages.

Concernant les autres termes présents et à définir au sein de cette édition, ils seront annotés sous forme de légende dès leur premier emploi.

Afin de développer certains arguments, nous appuierons nos propos à l'aide de l'étude de la famille Balligand, vivant à Charolles proche de Lyon, qui possède un grand stock d'archives familiales et ce depuis plusieurs générations. La famille Balligand est une famille originaire de la région bourguignonne et travaillant dans les métiers de la terre. Elle se compose des parents, âgés respectivement de 60 ans chacun, des deux fils, de 23 ans et 28 ans, et du grand-père âgé de 88 ans. Aussi seront ré-utilisées et réinvesties les interviews réalisées à l'aide de plusieurs élèves de la section Design graphique du lycée des arènes à Toulouse composées des quatre mêmes questions concernant la notion du souvenir.

MÉMO
☺   2022 - 2023
Comment vivre le souvenir intime
au travers d'objets sensibles.
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