À dater de la création de la photographie jusqu’à aujourd’hui, l’image est un support complexe et très utilisé qui a connu de nombreuses mutations et évolutions à commencer par l’invention du daguerréotype, en passant par la mutation des formats et l’ère du numérique et la création de la vidéo amateur pour finir aujourd’hui au flux continu et aux partages de souvenirs par le biais de médias de communication en ligne. Le XXIe siècle marque une ère d'accumulation de données en tout genre. Une étude démontre qu’au cours de ce siècle et avec l'avènement de la photographie, il y a autant de photographies prises en deux minutes qu’il y en a eu tout le long du XIXe siècle dans son ensemble. Aussi, en 2011 environ 70 milliards de photographies et vidéos ont été publiées sur facebook.
Ce mémoire a pour objectif de répondre à la question de l'image ; comment vivre le souvenir intime au travers d'objets sensibles.
Ici, nous entendons par sensible l'aspect émotionnel, qui provoque de l'émotion en soi. Nous définirons l'objet comme support imprégné d'aventures humaines, artistiques et techniques. Il y a une multitude d’objets sensibles pour raviver la mémoire, ici, photographies et vidéos qui sont nommées sensibles par volonté de mettre en avant l'appel aux sensations qu'elles suscitent.
Nous entendons intime comme terrain de recherche constitué par le propre à soi-même, le personnel et le familial, partiellement ou intégralement privé et caché des autres.
Pour répondre à la problématique ci-dessus, nous élaborerons un plan en trois parties. Tout d'abord nous commencerons par préciser les archétypes retrouvés dans les intentions et les pratiques de captation. Nous axerons la seconde partie sur la conservation de l’image. La dernière partie quant à elle portera sur les usages concernant la re-visualisation du souvenir et ses adages.
Concernant les autres termes présents et à définir au sein de cette édition, ils seront annotés sous forme de légende dès leur premier emploi.
Afin de développer certains arguments, nous appuierons nos propos à l'aide de l'étude de la famille Balligand, vivant à Charolles proche de Lyon, qui possède un grand stock d'archives familiales et ce depuis plusieurs générations. La famille Balligand est une famille originaire de la région bourguignonne et travaillant dans les métiers de la terre. Elle se compose des parents, âgés respectivement de 60 ans chacun, des deux fils, de 23 ans et 28 ans, et du grand-père âgé de 88 ans. Aussi seront ré-utilisées et réinvesties les interviews réalisées à l'aide de plusieurs élèves de la section Design graphique du lycée des arènes à Toulouse composées des quatre mêmes questions concernant la notion du souvenir.