L'AMOUR MEURT

« Terrible! Terrible, vieux! Crois-moi, cette vie est... ah ah! »

L’amour meurt
Comme meurent les fleurs
L’amour ment
Comme mentent les gens
L’amour va
Comme vont les rivières
On n’ sait pas
On ne sait rien sur Terre

Terrible! Terrible, vieux! Crois-moi, cette vie est... ah ah!
J’aurai inventé la vie morte de ces sociétés horribles et banalisées
La nuit, surtout. La nuit, c’est pas mal et ça force et ça gît!
C’est toujours quelque part entre peau et jactance
J’allais, la nuit, des fois, dans l’Autre imaginé. Super, vieux! Super!
Et des fois, ça n’était qu’imagé, bien sûr avec ma flamme tout autour qui l’enroulait
Et les parfums, les diadèmes, tout casqué de vison triangle comme une dame de la haute
Et l’orage qui s’en vient ou en écorce vive ou en écorchée vide sous la peau qui
Tremblait de vigilance et puis de sympathie et puis de peur étymologue.
La vraie peur, quoi! Terrible! Terrible!

La nuit, des fois, j’allais surprendre l’Autre dans des cafés profonds,
Déserts, sentant un peu la mer, quand elle ne sent pas trop, comme les femmes qui sentent
Tout juste ce qu’il faut et qui montent vers vous comme un outrage au macadam sur
Lequel tu posais tes problèmes et ta pisse, comme une oraison tiède aux caprices du vent,
Des fois que tu serais le dernier à fouler ce mac, ce mac, ce mac, ce macadam, tiens!
Ah lala, l’amour, ça n’ peut pas s’expliquer! Ho!
La nuit, des fois, j’allais surprendre l’Autre dans la rue Saint Denis,
Un très long time ago, très long, très long.
Ils cherchaient chaque fois la même boutique transbahutée par le désir
Et puis l’en-soi de la vergogne mal lotie. Cette boutique à vue de nez
Et à la mordre aussi, à m’y laisser morfondre et puis couler comme un sous-mar’
Dans ces eaux tristes, cette pute.
Et des fois, c’était beau et sinistre.
Elle s’écartait juste le temps de l’encarter, vieux! Ah!

Et plouf! Et plouf! Dans l’ minet, dans l’ pire et dans l’ glacé.
Dans l’ glacé sublime et qui glaçait ma lèvre. Il n’était de glacé que certaines gosses,
Tout allumées et toutes décharnées et toutes berlingotes avec le pire au bord
Des fentes par le besoin et par le flouze du chose. Et c’était bien là l’ malentendu,
Divin, bizarre, comme une châtaigne éventrée à l’automne et puis ce qu’il y avait
Autour de la lugubre envie.
Viens, viens, viens, viens vers moi.
Et pour moi, et dans moi, et pour toi, je t’ai, je t’ai, je t’ai,
Quoi, quoi, tu m’as? Tu m’as? Tu m’as? Tu crois?
Viens, viens, viens, viens, viens que j’ te fasse venir
Viens que j’ te fasse venir!
Que j’ te fasse venir! Que j’ te fasse venir!