LA MER NOIRE

« Je préfère le drapeau noir à la marée en robe noire
Quand les mouettes pour se voir, préfèrent se voir de mémoire »

Je préfère le drapeau noir à la marée en robe noire
Quand les goélands pour y voir, préfèrent y voir de mémoire
Les corbeaux blancs de Monsieur Poe, géométrisent sur l'aurore
Et l'aube leur laisse le pot où gît le homard Nevermore
Ô chansons sûres de marins dans le port nagent des squelettes
Et sur la dune le destin vend du cadavre aux goélettes
Ces chiffres de plume et de vent volent dans la mathématique
Et se parallélisent tant que le baril joint l’esthétique

Je préfère le drapeau noir à la marée en robe noire
Quand les cormorans pour me voir, préfèrent me voir de mémoire
Tous ces varechs me jazzent tant que j'en ai mal aux percussions
L'avenue sombre du jusant soutient la grève des poissons
Des raies transies sur le bitume parlaient de se faire beurrer
Des loups cherchaient ceux qui transhument
Quand les mouettes ont déraillé
En croix granit Christ bikini, comme un nègre d'enluminure
Je vois des oiseaux crucifix porter sur le dos mon carbure

Je préfère le drapeau noir à la marée en robe noire
Quand les mouettes pour se voir, préfèrent se voir de mémoire
Les coquillages incompris, la perle noire à leur corsage
Attendent que vienne la nuit pour se remettre à l'étalage
Le crépuscule des atouts descend de plus en plus vers l'ouest
Le général avait la toux, c'est nous qui toussions sur un geste

Je préfère le drapeau noir , à la marée en robe noire
Quand les marins pour ne rien voir mettent en route la mémoire
Et si des fois le drapeau noir, sur un voilier en voiles noires
Mettait la flibuste au pouvoir, ça pourrait déranger l'histoire
Qui remettra le drapeau noir, à nos voiliers en voiles noires ?
Et les marins au beau milieu mettront en route leurs beaux yeux
Sur la mer bleue.