En effet, « Contre-jour » est un recueil mêlant des morceaux riches aux sonorités grecques voire orientales sur lesquels il se la joue poète des temps modernes, souvent romantique et mélancolique, le tout avec une utilisation réfléchie de l’autotune, outil bien souvent mal exploité, et accompagné de son synthé. En ressort une musique insolite et nuancée, une musique qui nous fait autant danser que planer ! Un joli mélange entre sa génération et l’héritage de son père, grec, qui l’a bercé au rebétiko dont l’instrument phare est le bouzouki que Johan joue à la perfection notamment dans Pourquoi tu cries ?
En soit, Johan Papaconstantino est un autodidacte et un artiste à part entière – il est également passionné de peinture – un touche-à-tout qui écrit des textes sans prétention en s’inspirant des ses propres états d’âmes.Crédit: Bastien Stisi/ Mathieu Belchit
Elles ont 20 ans. Belles et héroïques, chacune à leur manière. Elles s’engueulent à tout bout de champ et se complètent sans se concerter. Il y a quelques mois, le duo Ibeyi a publié son premier album, une croisade pacifique de rythmes syncopés, de compression digitale et de voix en dentelles.
Elles sont nées un peu partout, à Paris peut-être, à Cuba sûrement, dans les tambours mystiques de leur père surtout. L’un des plus brillants percussionnistes de son temps, Anga Díaz, né à l’Ouest de La Havane et décédé très jeune en 2006. Elles avaient 11 ans.
«Notre duo nous a permis de survivre», dit Lisa, l’air d’être toujours connectée à des fantômes bateleurs.On le voit bien chez « Ibeyi », ces mutines des dancefloors, les rythmes yorubas charrient davantage qu’une pulsation. Une vision du monde. Même dans les contextes les plus triviaux, même codés par les boîtes à rythmes, ils demeurent sacrés. La clave cubaine. La syncope jazz. Le chaos impérieux des carnavals de Salvador de Bahia. Le long étourdissement de la soul africaine, celle de Fela et de ses successeurs, où la cloche répond à la caisse claire qui répond elle-même au frottement des graines sur la calebasse: tout s’articule dans un ordre cosmogonique qui fait de la partie la réponse au tout. Lisa et Naomi, les jumelles d’Ibeyi, sont nées de ces rythmes.
Crédit: Arnaud Robert
Si ce parcours semble rapide, c’est bien qu’il l’est. Dans son premier album/mixtape récemment sorti « Damnshestamil », Priya puise dans son héritage tamil, mêlant styles sri-lankais traditionnels et tropes R&B et hip-hop plus modernes. Sur les 10 pistes de cet album, elle ne se contente pas d’infuser de lyrics tamil ses morceaux pop chantés en anglais, mais colore l’ensemble de sa musique des styles traditionnels de sa culture sri-lankaise. Certaines chansons telles que Chicken Lemon Rice et Kamali évoquent son éducation traditionnelle sur des rythmes rapides et évocateurs de tabla. Lighthouse prend tout son éclat grâce à l’apport d’une flûte aux accents orientaux et Santhosam (qui signifie « Joie ») est chanté exclusivement en Tamil, avec un arrangement uniquement composé d’instruments traditionnels.
Un an seulement après avoir refermé pour de bon les livres de comptabilité, on peut sans cliché parler d’ascension fulgurante – et méritée. Les femmes d’origine asiatique sont rares sur la scène mainstream actuelle. Avec une apparition sur le dernier album de Jungle, on ne prendra pas de risques en disant que tous les voyants sont au vert pour que Priya Ragu soit de plus en plus visible au sommet du monde R&B à l’avenir .
Crédit:Swisslife/Lestransfestival
Avec « Blind » (2018), qui atteint 2 millions de streams en quelques semaines puis « Somewhere » (2019/2020) qui enflamme les charts d’Europe de l’Est, Tallisker affirme haut et fort ses ambitions de pop internationale.
Un songwriting élégant, où la tension entre indie et mainstream est délibérément entretenue.
Mais la française n’oublie pas ses racines et s’apprête à affirmer sa place dans l’Hexagone avec son premier album « Contrepoints » (sortie en février 2022), enregistré entre Paris, Téhéran et NYC.
Dans cette optique que la chanteuse et compositrice est partie à la découverte de la jeunesse iranienne et des traditions musicales perses. « Azadi » – qui se traduit par « liberté » en perse –, est le fruit de son voyage au pays des mollahs en 2018, une recherche de sonorités traditionnelles, qu’elle souhaitait associer à des dynamiques urbaines et classiques issues du monde occidental.
Crédit:Michel Angelo Fedida/Les Oreilles Curieuses
En une journée, ses chansons ont accumulé plus de 2,3 millions d'écoutes sur Spotify et le clip de "Malamente", qui alterne "palmas" (claquement des mains typique du flamenco) et mise en scène rappelant une corrida avec la chanteuse lancée sur une moto chargeant un jeune homme, compte près de 33 millions de vues sur YouTube.
Dans son approche décomplexée, Rosalía injecte au flamenco tous les attributs de la jeunesse et de la modernité. Il fallait oser exploser les contours et les coutures de ce genre musical ancestral traditionnel très codifié. Rosalia n'a pas manqué d'ailleurs de s'attirer les critiques des puristes en expérimentant librement avec des synthétiseurs et des boîtes à rythmes Roland 808. Mais elle conserve les claquements de mains caractéristiques (les palmas) et la charge émotionnelle du chant, essentiels au flamenco.
"J'ai appris la tradition. J'ai appris toutes les règles", souligne-t-elle dans Rolling Stone. "Mais je dois être transparente avec la façon dont je comprends le flamenco ici et maintenant, avec qui je suis, avec mes références, mon âge et l'époque dans laquelle je vis."
Crédit:Michel Laure Narlian/Zoé Sfez/AFP
Mateo Arias alias "Téo" fait ses premiers pas devant la caméra en compagnie de son petit frère Moises Arias ( plus connu sous Rico dans la série Disney "Hannah Montana").
Cependant c'est à travers sa musique qu'il exprime l'admiration pour sa culture. Avec sa voix hypnotisante, Téo nous prends par la main pour un voyage sous les palmiers en Amérique Latine par un savant mélange de Bossa Nova et de Hip Hop. Alternatif, on le qualifie de " Neo-Américain" emportant avec lui un héritage mystique que l'on peut découvrir dans son dernier album « Sol » en 2021; un artiste plein de promesse qui, on l'espère, traversera l'Atlantique.
Crédit:Bianca Brown
Cette prodige a bien su avoir son morceau de terre pour y dresser son drapeau et devenir un point d’ancrage majeur dans le jazz contomporain britanique. En se libérant des conventions artistiques classiques, Nubya a su faire cohabiter l’art et l’identité; un mélange qui se transforme en une pâte sonore riche et onctueuse. Contemplation, le 4emme titre de l’album « Nubya’s 5ive » est sans doute la clairvoyance nécessaire pour reconnaître son génie.
En collaboration avec une nouvelle maison de production, Brownswood Recordings, la précoce du Jazz britanique bat le fer lorsqu’il est chaud en participant à un projet portant le nom de “We Are Out” comportant 9 titres de différentes cultures Jazz britanique modernes. C’est avec son titre “Once” que Nubya approuve son ancrage, non seulement sur la scene Jazz Britanique, mais aussi dans la l’approbation d’un d’un concept tellement rejeté par les ancètres du jazz: le Jazz Underground, mais qu’on ne peut désormais plus sous-estimer.
Crédit:Les Oreilles Curieuses/Jean-Claude Vantroyen
Musicienne et productrice, elle travaille le son comme une matière, en créant des beats et des boucles aux couleurs hip hop, r’n’b, jazz et électro et c’est en explorant ses racines africaines, qu’elle découvre les violonistes soudanais et la musique d’Afrique de l’ouest. Une musique qui immédiatement résonne en elle, lui ouvrant de nouvelles perspectives. Une musique que la jeune femme va s’approprier, en la mêlant avec sa culture américaine pour un résultat totalement innovant et fascinant. Sudan Archives est née. C’est ainsi que sort en juillet 2017 sur l’exigeant et prestigieux label Stones Throw : « Sudan Archives » son premier EP. Il compte 6 titres, entre tradition et modernité, qui ne ressemblent à rien d’autre.
Avec ce premier EP, Sudan Archives démontre tout son potentiel artistique, proposant un éventail de sonorités tout à fait exceptionnel, où son jeu de violon étonnant et sa voix magique sont magnifiés par des textures musicales d’une incroyable richesse. Et chose surprenante, la musique de Sudan Archives bien que très élaborée, est étonnamment immédiate, vibrante et physique.
Crédit:Les Oreilles Curieuses
« Amir »
, premier album de Tamino nous invite à ce genre de voyage. Ballade devenue bien rare, il est vrai, dans le monde des indies où les singularités font de plus en plus défaut.Qu’elles soient nocturnes et minimalistes comme Habibi, enveloppées de violons arabes comme So It Goes et Sun May Shine ou d’oud et de percussions orientales comme Each Time, ses chansons se construisent toutes autour de son chant qui s’étend, semble-t-il, sur quatre octaves et dont le lyrisme évoque parfois Rufus Wainwright. Une musique en nappes sobres qui suggèrent une atmosphère plus qu’elle n’en impose, matinée d’envolées orientales, le tout porté par une voix qui trouve à chaque fois l’émotion juste entre la retenue et le lâcher prise.
La voix de Tamino vole alors comme pour aller à la rencontre d’un absolu...Crédit:Florian Ques
Crédit:Ruddy Aboab
Illustrations:Sarah Genna