La dépendance affective est l’un des fléaux du couple. En effet cette dépendance affective dans les deux cas (homme et femme) crée de gros problèmes relationnels.
Chez la femme la dépendance affective se manifeste par exemple au tout début d’une relation, elle peut ne pas réellement désirer la personne mais aimer le fait d’être désiré, une addiction au regard masculin. Beaucoup de femmes pensent n’exister qu’à travers le regard d’un homme, et cherchent donc éperdument ce regard sur elles. Mais par la suite cette dépendance va se manifester au sein du couple par le besoin d’attention, le besoin d’avoir quelqu’un sur qui compter, quelqu’un qui nous procure de la tendresse. On parlera alors de ces femmes comme « attachiantes » et les femmes acceptent ce concept. Il faut passer pour la fille « cool », sans besoins, sans attaches et renier ses véritables envies par peur de passer pour un pot de colle.
Chez l’homme la dépendance affective se manifeste plutôt en début de relation, le besoin d’être validé et par un grand nombre de femmes. Les hommes font croire qu’ils n’ont pas besoin d’amour alors qu’ils en ont tout aussi besoin besoin que les femmes. Chez eux c’est surtout la peur d’être seul qui se manifeste.
Extraits de Réinventer l’amour de Mona Chollet.
« À part dans un cas, peut-être : quand nous entretenons des relations suivies ou épisodiques avec des hommes non par réel désir, mais par addiction à leur regard, par conformisme, parce que cela « se fait », ou par peur d'être seule. Certaines jugent alors indispensable d'apprendre à s'en passer complètement, pour y revenir plus tard en ayant bâti un socle d'autonomie. Dans une révolution intérieure, Gloria Steinem évoque une musicienne de sa connaissance, du nom de Tina, qui avait l'habitude de lâcher tout ce qu'elle était en train de faire dès qu'un homme lui manifestait de l’intérêt. »
« Et si le secret de l'épanouissement physique n'était ni de baiser ni de ne pas baiser, mais de faire ce qui nous convient ? Jane ajoutait : « Maintenant, quand je sors, c'est parce que je le veux, pas parce que je crois que j'en ai besoin. Et quand je couche avec un homme, j'en retire davantage, parce que je le fais par réel désir, pas parce que je pense que c'est indispensable à ma santé, ou pour soulager ma solitude, ou pour me sentir validée .»
« Mais, avec le recul, je me rends compte que, dans chaque rencontre, je cherchais une validation. Celle des hommes, bien sûr; celle qui me prouvait que j'étais jolie, désirable, baisable. Chaque fois que je rentrais accompagnée, c'était une petite victoire. » Judith Duportail, elle, parle de Tinder comme d'un « shoot de validation ». Elle se demande comment faire en sorte que les autres deviennent « des compagnons de route, ou des compagnons de vie, mais qu'ils
ne viennent pas valider ton droit à exister».
« Si les hommes subissent eux aussi la pression du « il faut baiser», ils espèrent en retirer le prestige du nombre, de l'accumulation, mais je ne crois pas que toute leur identité soit pétrie du regard des femmes comme l identité des femmes l'est du regard des hommes. »
« Sur le plan social, sexuel, et même, dans une certaine mesure, sur le plan économique, les femmes ont énormément progressé, écrit Penelope Russianoff. Mais, sur le plan émotionnel, elles ont encore un long chemin à parcourir. » La dépendance affective dont elles souffrent lui semble envahissante, car elle s'étend à tous les secteurs de la vie. Les hommes, eux, se sentent légitimes sur le marché du travail et, pour ceux des classes supérieures, sont armes pour faire carrière. Pourtant, Russianoff souligne qu'on aurait tort d'en déduire qu'ils ne souffrent pas de dépendance émotionnelle, eux aussi : « Mes patients sont souvent malheureux à cause de relations amoureuses difficiles, ou de l'absence de relations amoureuses. J'ai reçu assez d'hommes célibataires en consultation pour savoir que le personnage du playboy insouciant est largement un mythe. Il y a des playboys, d'accord, mais il est rare qu'ils
échappent entièrement aux soucis qui empoisonnent la vie de tant de femmes dans la même situation. Ces hommes censés être l’objet de toutes les convoitises rentrent chez eux après le travail et se jettent sur le téléphone pour arranger un rendez-vous. Tout plutôt que de passer une soirée seuls ! Et j'ai traité plus d'un veuf pressé de se remarier pour éviter de devoir affronter le vide de sa vie.»
« Pour ne rien arranger, conformément à cette règle délicieuse et bien connue selon laquelle les femmes sont stigmatisées pour un certain type de comportement, mais aussi pour le comportement inverse, on s'expose à être méprisée quand on vit librement sa sexualité, avec un minimum d'implication affective, mais aussi quand on se montre « trop » sentimentale. Tout un imaginaire de la femme dévoreuse, collante, « prise de tête », s'invite dès qu’on s’avise d'éprouver des émotions. L'investissement amoureux plus fort des femmes est perçu comme la manifestation d'une sentimentalité mièvre et honteuse. Peut-être faudrait-il défendre à la fois le droit de séparer sexe et amour et celui de ne pas censurer ses sentiments ? Samhita Mukhopadhyay questionne également l'exemplarité du comportement sexuel dit « masculin » (dont il ne s'agit pas de prétendre, encore une fois, qu'il est le comportement effectif de tous les hommes) : « Après tout, est-ce que baiser "comme un homme" fait de vous un "homme", ou une
personne déconnectée de ses émotions à un point délirant et de ce fait incapable de participer à l'un des plus grands plaisirs physiques de la vie ? » Et si les hommes peuvent être présentés
par certains auteurs de développement personnel réactionnaires comme des êtres « simples » (alors que les femmes, bien sûr, sont « compliquées »), ne serait-ce pas parce qu'ils sont tranquillement conscients du fait « que le patriarcat les avantage » ? ».
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