Dans la conception que nous avons d’une relation hétérosexuelle, les hommes et les femmes s’inscrivent dans des rôles figés. Et déjà dans les prémices de la relation on peut noter la différence entre Ces rôles. Les hommes proposent alors que les femmes disposent, les hommes désirent alors que les femmes désirent être désirées et enfin les hommes sont des sujets de désire alors que les femmes sont des objets de désire.
Mais plus loin dans la relation, on retrouvera aussi la présence de ces rôles et attributions insidieuses. Une fois la relation établie, c’est la femme qui abandonnera son poste ou en tout cas fera en sorte de ne pas faire d’ombre à son conjoint. La gestion du foyer, de tout de qui l’en incombe et donc de la charge mentale est attribué à la femme. Le fait qu’un homme aide sa compagne dans les tâche du foyer est souligné comme quelque chose d’hors norme, de différent alors que cela ne devrait même pas être évoqué. On ne dit pas d’une femme qui aide son conjoint qu’elle l’aide, cela va de soit. Cette distinction dans les rôles se fait aussi sur la manière de vivre son amour. Les femmes parleront de leurs sentiments, leurs envies, leurs besoins alors qu’un homme sera plus distant, sur la réserve (même si l’on notera que cette distinction des rôles ne s’opère pas dans les débuts de la relation, quand il y a communication et que tout semble parfait).
Dans la relation s’installe également (chez les femmes) le besoin de l’autre comme soutien, comme validation des actes personnels.
Extraits de Réinventer l’amour de Mona Chollet.
« Évoquer ce problème comporte certains risques. Certains s'empresseront d'en conclure que, si les femmes ne prennent pas toute leur place dans le monde du travail, ou de la politique, ou
de l'art, c'est en raison de leurs inhibitions, de leur goût persistant pour une position de retrait frileux, et non à cause du sexisme qu'elles subissent et/ou du refus de leur conjoint d'assumer sa part des tâches domestiques et éducatives. Je crois cependant que ces forces archaïques qui nous travaillent sont réelles et qu'on ne peut pas faire l'économie de les mettre elles aussi sur la table.{…} »
« Elle se glisse avec soulagement dans ce rôle traditionnel. Elle se rendra aussi compte plus tard qu'elle redoutait de « perdre de [sa] féminité » en retournant dans l'arène professionnelle. Cependant, elle finit par en vouloir à son compagnon, par le détester d’avoir plus d'aisance sociale et d'assurance qu’elle. »
« Si je jette un regard rétrospectif sur mes années de vie de couple, je peux d'abord croire que la dépendance, encore présente dans mes fantasmes, a été absente de ma vie concrète. Nous étions journalistes tous les deux, je gagnais ma vie, j'écrivais des livres… Mais ensuite, je me souviens que, pendant une assez longue période, lorsque j'étais pigiste, mon compagnon a payé le loyer seul. Je lui aurais volontiers rendu la pareille par la suite si cela avait été nécessaire, mais l'occasion ne s'est jamais présentée, et je ne suis pas sûre que ce soit un hasard. Et surtout, il y avait ma dépendance affective, dont je n'ai pris la mesure que tardivement. J'étais angoissée, peu sûre de moi, et, comme j'étais tombée sur l'homme le plus généreux du monde, il me rassurait et m’encourageait constamment. J'ai retiré un bénéfice précieux, incontestable, du regard valorisant qu'il posait sur moi, de ses conseils avisés, de la confiance qu'il m'a insufflée. Mais j'ai pris l'habitude de me tourner sans cesse vers lui, de lui faire part du moindre de mes doutes, pour qu'il me réconforte. Nous nous sommes installés dans ces rôles respectifs, qui, à long terme, ne nous ont fait du bien ni en tant qu'individus ni en tant que couple».
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Ce site a été créé sur la base de Réinventé l'amour de Mona Chollet et du podcast Le cœur sur la table. Les textes et les images sont de Juliette Guédon. Les textes en italique sont des sitations.